Quelques arpents d'Amérique

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CE LIVRE D'HISTOIRE SOCIALE, qui couronne vingt années de travail, veut projcter un éclairage nouvcau en récusant certains a priori et paradigmes qui, traditionnellement, ont fondé autant les perceptions courantes que les représentations scientifiques de la societé rurale québécoise. En cela, il poursuit le mouvement de renouvellement qui a agité l'historiographie québécoise depuis une trentaine d'années. Dans Quelques Arpents d'Amérique, le peuplement du Saguenay et l'évolution de cette nouvelle société sont d'emblée inscrits dans le cadre très large de l'américanité, cadre d'autant plus pertinent que la colonisation du territoire saguenayen représente bel et bien l'un des derniers épisodes d'une trame pluriséculaire et continentale, à savoir la construction du Nouveau Monde. A cette fin, l'auteur exploite un fichier©réseau de population qu'il a mis au point au cours des vingt©cinq dernières années. Au sujet de la reproduction familiale, l'auteur exprime de très importantes restrictions quant à la thèse de la surfécondité canadienne©française, en même temps qu'il relève de nombreuses similitudes avec le reste de l'Amérique du Nord là où on s'y attendait peu, notamment au chapitre de la polarisation individualisme/communautarisme qui sert depuis longtemps à caractériser les paysans québécois par rapport à leurs vis©à©vis anglophones. D'autre part, la comparaison Quebec/France révèle des différences capitales, telle la fréquence du pluriétablissement dans les terroirs neufs, de même qu'elle permet de pousser plus loin la question de l'origine des tendances égalitaires observées au Québec, trait également prédominant dans les aires de peuplement nord©américaines. Enfin, l'ouvrage se veut un essai d'histoire sociale, dans la grande tradition de M. Bloch et de L. Febvre, et il propose divers instruments théoriques pour l'analyse des sociétés dites marginales (par exemple, le modèle de la co©integration).