Droit vers le soleil

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Dans mon ventre, un feu. Il me traverse comme un courant chaud sous la glace de l’Arctique. Des rêves érotiques récurrents. Une idée fixe : jouir sans fermer les yeux, rencontrer des mains inconnues. Libérer ce qui s’est endormi. Un soir de novembre où il tombe une neige fondante sur notre campagne, j’aborde la question franchement. – On pourrait peut-être essayer le couple ouvert. Raph me jette un regard rieur et remplit mon verre de vin. Les bûches crépitent dans le foyer. Il fait bon à l’intérieur. Les lumières tamisées, le bois qui recouvre la maison du plancher au plafond. La nuit ne nous atteint pas. Je poursuis tout en surveillant le poulet aux artichauts en train de mijoter à feu doux. – C’est juste que ce n’est pas possible que tu sois le seul homme avec qui je fasse l’amour pour le restant de mes jours. J’ouvre la porte du frigo et en sors le persil. – Même si c’est toi que j’aime. Ce premier roman destiné à un public adulte signé Brigitte Vaillancourt (Les Marées, Saison chaude) constitue la chronique d’une année dans la vie d’une femme qui refuse de renoncer à quelque part de bonheur que ce soit. Au nom de quoi, de qui, le ferait-elle ? Bien sûr, il faudra y arriver sans blesser personne, ni mari ni enfants. Mais, pour cela, faut-il absolument faire taire ses désirs ? Faut-il, pour être une bonne mère et amoureuse, oublier qu’on est femme ? Elle s’élance donc droit vers le soleil. Oui, comme Icare, se dit-elle, quitte à perdre des plumes. Pourvu qu’elle échappe à la noyade. La romancière nous donne ici un riche et savoureux portrait du couple contemporain. Irrésistiblement, elle nous amène à nous demander si l’épanouissement que nous promettent le couple et la famille est un leurre, ou bien si ce ne sont pas encore nos peurs et nos préjugés qui nous clouent au sol et nous empêchent de prendre notre envol.