La Gringa

On l’appelle la Gringa. Avec ses cheveux roux et son teint de lait, Maria ne ressemble à personne à Maracaibo, ni à ses amies de l’école, ni à ses cousines, ni même à son père et à sa mère.

Un jour, elle découvre pourquoi. C’est qu’elle a été adoptée. Aux derniers jours de l’été 1969, Raúl et Victoria sont venus la chercher dans un orphelinat de Montréal, au Canada, pour la ramener vivre avec eux au Venezuela. Dans ses rêves, cette autre mère dont elle apprend l’existence est bien sûr une princesse, la princesse du Nord, que Maria rêve en secret de rencontrer un jour. En secret, car pour rien au monde elle ne voudrait causer de chagrin à ses parents adoptifs, qui décrocheraient la lune pour la rendre heureuse.

Mais le temps qui transforme tout change aussi en enfer ce paradis qu’était le Venezuela de sa jeunesse. Maintenant qu’elle est mariée et mère à son tour, épouvantée par la violence qui a envahi son quotidien, Maria décide de quitter son pays adoré. Pour aller où? Pourquoi pas le Canada, puisqu’elle y est née? Mais, une fois transplantée là-bas, pourra-t-elle résister à l’envie de se lancer à la recherche de la femme qui lui a donné la vie, au risque de découvrir qu’elle n’est pas la princesse de ses rêves?

S’inspirant d’une histoire vécue, Marie-Sarah Bouchard nous donne un roman prenant qui interroge le déracinement, la filiation. Peut-on choisir ce qu’on lègue à nos enfants? Les liens de sang comme ceux du cœur sont-ils indénouables?

Au fil des pages, l’autrice nous émeut avec la richesse de ses personnages, qu’elle dessine d’une plume aussi subtile que pénétrante.