Fausses compagnies

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Nous sommes en banlieue parisienne, une banlieue calme, presque provinciale, une ville où les gens se connaissent depuis des générations.Thibaud Saintoyant a dix-neuf ans, sa mère est morte quatre ans auparavant dans un terrible accident de voiture. Aujourd'hui encore il vit avec son père et sa grand-mère ; ensemble ils ont tenté de ne pas perdre pied.Peu préoccupé par son avenir, Thibaud travaille dans un supermarché. Chez lui, il partage avec son père ­ un architecte assez débordé ­ les tensions engendrées par la présence au quotidien de sa grand-mère. Un quotidien qu'elle orchestre d'ailleurs totalement, entourée de son bataillon de commères qui s'installe chaque matin dans la cuisine pour commenter les dernières rumeurs du coin.Exaspérantes mais souvent touchantes, ces vieilles vont devenir odieuses le jour où Thibaud s'éprend de la famille Mouron. Ces gens pourtant bien ordinaires semblent pour elles un danger terrifiant et, d'humiliation en ressentiment, par un mot, une phrase, une allusion, elles vont inconsciemment conduire Thibaud et son père au désastre.Si la perte d'une mère est pour Thibaud une blessure incommensurable, le temps et la vie ont fini par reprendre leurs droits. Mais le mensonge et le poids des mots peuvent en un instant refaire l'histoire. Prête à tout pour sauver l'honneur, la vieille dame règne sur le silence, le secret bien gardé. Mais ses complices ont la mémoire qui flanche : à quatre-vingts ans, les secrets de jeunesse prennent de l'âge et, si par malheur le hasard met en présence ceux qui jamais ne devaient se croiser, plus rien n'est contrôlable Gilles Abier aborde ici les thèmes de l'intolérance et de la violence du langage dans toutes ses nuances. Avec humour et subtilité, il met en place l'univers d'une véritable conspiration et désigne, sous couvert d'une comédie de moeurs très contemporaine, les rouages d'une mise à mort de l'innocence.