Le couloir de nuit

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Isabelle n’a que sept ans lorsqu’elle apprend brutalement, à l’école, que son frère Jean-Jacques est anormal. A peine commence-t-elle à repérer ce qui, jour après jour, fait désormais écho à ce mot, “anormal” – c’est-à-dire “bizarre” – qu’elle doit l’accompagner dans ce couloir de nuit que devient leur adolescence commune. Harmonie familiale qu’il ne cesse de déranger, échec scolaire, humiliations infligées par les autres, désespoir face aux traitements qui ne le guérissent pas. Est-ce pour se consoler qu’il se met à imaginer, si tel est son sort, qu’il vient d’un autre monde ? N’y a-t-il pour colmater sa souffrance que l’hôpital psychiatrique ? Fallait-il qu’Isabelle en vienne à s’orienter vers la psychiatrie ? Et comment les frères et les sœurs des malades, ces inconnus, traversent-ils cette histoire de maladie qui semble n’être que l’affaire des parents, des médecins ? Est-ce qu’ils ont, comme elle, cette impression qu’ils ne sont ni d’un côté, ni de l’autre, coincés entre les “normaux” et les autres ? Comment ne pas dénoncer cet implacable engrenage qui conduit l’enfant, devenu adulte, au désastre ? Au-delà de l’histoire obscure et tourmentée de cet Autre qu’est Jean-Jacques, ce livre, traversé d’éclairs, de regrets, d’espoirs, où le lyrisme rejoint la pureté de style dans une rare harmonie, devient aussi et d’abord un étonnant chant d’amour.