La belle saison

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À l’âge prédestiné des amants de Vérone, deux adolescents découvrent, en même temps qu’ils l’affrontent, le monde des adultes tel qu’il est. Ignorants des préjugés de leurs aînés, ils ont l’audace de s’aimer, face à ceux qui ne veulent voir dans leur amour que violation de la Loi, « leur » loi, trahison et défi… En présence d’une telle hostilité, ils redoutent que ne les sépare à jamais la fin de ces vacances qui ne les ont réunis que par un hasard providentiel. En dépit des encouragements de la souveraine de Meylissac, leur hôtesse, qui, trahissant son clan, les unira au cours d’une étrange liturgie, devant Dieu, sinon devant les hommes, ils sont au moment de leur départ, désespérés. Pierre écrira cinq ans plus tard dans le cahier bleu, pleurant encore cet arrachement : « Je me retourne juste à temps pour apercevoir une dernière fois au détour du chemin cette mince silhouette qui est désormais toute ma vie… “Jamais je ne reverrai Françoise !” En cet instant, je découvre, dans toute sa brutalité, l’implacable certitude que contiennent ces mots. » Eh bien, ils se reverront. Pierre est déterminé, opiniâtre, Françoise droite, ardente. Tous deux, animés d’une grande ferveur, resteront fidèles à des serments qui n’ont jamais été prononcés que dans le secret des cœurs. En dépit de tous les obstacles, ils se retrouveront. Parce qu’ils l’ont voulu. Ce n’est pas la déception, tant redoutée de Pierre, qui sera au rendez-vous. Après une décennie, le coup de foudre initial se renouvellera, souverain, entre ces deux êtres si différents de ce qu’ils ont été. Chacun retrouve, inchangé sous les traits d’un être nouveau, l’enfant que jadis, enfant lui-même, il avait tant aimé. Il découvre que l’unisson qui avait toujours régné entre eux est demeuré intact en dépit de leur longue séparation : ne se retrouvent-ils pas, en ce printemps décisif de 1944, engagés dans les mêmes chemins, exposés aux mêmes embûches… ? Ils devinent leur proche bonheur sur l’autre rive du fleuve… L’atteindront-ils ?