À perdre cœur

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« Je vais vous en raconter un bout de la grande capitulation » dit la Mère Courage de Bertholt Brecht. Tel est l’exergue que choisit l’auteur pour résumer l’histoire de son héroïne, Laure Duranti, une jeune femme de trente-cinq ans qui, soudain, par désespoir, se retourne sur son bref passé, en dresse le bilan. Après sa petite enfance très heureuse, le départ de son père trop aimé, qui coïncide avec le début de la guerre, la plonge dans une angoisse dont l’après-guerre ne la guérira pas. Étudiante, militante communiste, elle rencontre Jean Pinchot, et se marie : à vingt-cinq ans, après quatre années de mariage, elle est mère de trois enfants, passe des examens de licence tandis que Jean abandonne ses études pour trouver un emploi. La guerre d’Algérie les fait s’expatrier dans les montagnes africaines où le jeune ménage, malgré l’époque dramatique, connaît enfin une certaine tranquillité matérielle. Mais ce départ arrive trop tard pour Laure Duranti ; elle a trop lutté contre la misère, la dégradation physique et morale ; les exigences et les déceptions d’un amour absolu, une amitié qui se rompt, son renoncement à la lutte pour un idéal révolutionnaire ont lentement rongé la résistance de la jeune femme qui sombre irrémédiablement dans l’univers de la culpabilité.